Propos de l’académie de médecine sur le confinement des v…x
La psychologue clinicienne dont de nombreux travaux ont été consacrés à la fin de vie, Marie de Hennezel (tous âgés de plus de 70 ans !) s’élève contre une mesure « arbitraire » et « injuste ».
L’Académie de médecine exprime une position similaire. Elle signale en effet que « L’amalgame entre personnes âgées, personnes en situation de handicap et personnes affectées par des maladies chroniques, compréhensible pour un statisticien, peut être très mal vécu par les personnes humaines ainsi cataloguées. (…).
Il existe aussi toute une population de seniors en bonne santé, actifs, et utiles, qui contribuent non seulement à l’économie, au bénévolat associatif, mais aussi à l’activité de leurs descendants en assurant des gardes de petits enfants. (…) Si l’idée de déconfiner les seniors en dernier repose sur le souhait de les protéger, elle tend à en faire des citoyens de second rang. La perspective d’un confinement au terme non défini puisque tributaire de la disponibilité de tests, de traitements validés, et idéalement d’un vaccin, est de nature à induire une souffrance et une désespérance dont on mesure mal l’impact, au-delà de ses conséquences physiopathologiques » avertit l’Académie de médecine.
Dans le domaine de la santé, cette logique a longtemps justifié l’inopposabilité juridique des refus de soins vitaux, dans l’idée identique qu’il peut parfois être nécessaire de protéger la vie des individus contre leur propre déraison. Cette approche, d’abord retenue par le Conseil d’État semble néanmoins révolue. La promotion du principe d’autonomie et de la libre disposition de soi a progressivement conduit à la consécration, tant législative que jurisprudentielle, de la pleine capacité décisionnelle du patient. Celui-ci peut désormais librement choisir les risques pour sa santé, y compris lorsque ce choix le promet à une mort prochaine.
Imposer un confinement spécifique aux personnes âgées au seul prétexte de leur protection donnerait un coup d’arrêt brutal à cette évolution. Une telle mesure reviendrait en effet à considérer que, du seul fait de leur âge et de leur fragilité, les personnes de plus de 65 ans ne disposent pas (ou ne disposent plus) de l’autonomie suffisante pour exercer leurs droits et choisir librement les risques qu’elles entendent courir. Sans doute est-il justifié de les protéger du risque d’infection qui, pour elles, est porteur de dangers spécifiques. Mais user ici de la coercition, au prétexte d’une fragilité physiologique liée à l’âge, postulerait aussi leur incapacité à décider elles-mêmes de ce qui est bon pour elles.