Comme les autres quartiers d’immigration en France, la Cayolle connaît une revendication identitaire qu’on a qualifiée d’immigrés de la deuxième génération.
Localement cela se traduit par une demande de reconnaissance des jeunes et, au-delà de l’action sociale, par la demande de réels débouchés sur les plans de la formation et de l’emploi.
La marche de 1983 pour l’égalité et contre le racisme, dite marche des beurs, est emblématique de cette revendication. Mouvement né dans la cité des Minguettes dans la banlieue lyonnaise, elle part du centre social de la Cayolle pour marquer le caractère national des revendications.
« A partir de 1980, les tensions se faisaient de plus en plus vives entre les habitants du quartier de la Cayolle et les quartiers environnants notamment les pavillonnaires. Les vols de voitures et les rodéos étaient courants surtout en été. Le quartier était vécu comme une véritable « verrue ». Ce sont les propos de M. Gaudin dans le Méridional de l’époque. Avec la police c’était une véritable guerre ouverte. (…)
Après l’attentat de la Cayolle, les habitants soutenus et aidés par de nombreuses associations ont maintenu une manifestation sur la Canebière malgré l’interdiction du préfet et du ministre de l’intérieur de l’époque, M. Gaston Defferre. Cet événement allait mettre le quartier sur le devant de la scène et il fut choisi comme point de départ de la Marche. »
(extrait du n°41 de Migrance éditions Mémoire-Génériques)
Peu nombreux au départ et partis dans une quasi-indifférence, les marcheurs – enfants d’immigrés et militants antiraciste – arrivent à Paris à la fin du mois de novembre 1983. Plus de 100 000 personnes les rejoignent lors de leur défilé dans la capitale le dimanche 3 décembre 1983. Huit d’entre eux sont reçus par le président de la République, François Mitterrand, qui leur annonce la création de la carte de séjour de dix ans.