Populations et migrations

« Ce quartier a vu se croiser, se succéder des populations venues de tous horizons, de toutes origines, de toutes cultures. Des dizaines de milliers de personnes y ont transité, d’autres se sont sédentarisées et pour elles, et leurs enfants, là sont peut-être leurs nouvelles racines sans pour autant rompre les liens avec le lieu d’origine. Être de la Cayolle, cela veut dire quelque chose, c’est une identité, même pour les familles parties s’installer ailleurs depuis longtemps. » (Dominique Puippe)

1945 : Un camp, destiné à l’origine au rapatriement de prisonniers de guerre, est construit dans ce quartier isolé. Il devient un lieu privilégié de transit pour de nombreuses populations.

1946 : Accueil de travailleurs coloniaux indochinois en attente de retour en Indochine jusqu’en 1950. Transit clandestin de juifs d’Europe centrale, puis de juifs d’Afrique du Nord vers la Palestine sous mandat britannique.

1948 : Création de l’État d’Israël. Les juifs d’Afrique du Nord, essentiellement du Maroc et de la Tunisie, mais aussi de Libye et d’Égypte, transitent en masse dans le camp. Accueil de travailleurs immigrés d’Afrique du Nord.

1951 : l’État acquiert le terrain de l’Arénas et divise le camp en deux parties

  • le « camp des juifs », géré par l’Agence juive, avec une majorité d’émigrants d’Afrique du Nord.
  • un groupe de 39 « tonneaux » avec une majorité d’habitants nord-africains.

1970 : Une monographie des bidonvilles et des cités provisoires de l’agglomération marseillaise réalisée par l’agence d’urbanisme donne une image des populations résidant dans ces types de logements à la Cayolle :

  • Le Grand Arénas (les « tonneaux » et les « ilots » considérés alors comme des bidonvilles) : 300 familles d’origines nord-africaine à 25 %, européenne à 40 %, européenne gitane à 35 %.
  • Colgate (considéré alors comme un bidonville) : 167 familles d’origines nord-africaine à 90 %, européenne à 3 %, européenne gitane à 7 %.
  • Cité provisoire de la Cayolle (« Chicago ») : 150 familles essentiellement d’origine nord-africaine et gitane.

Comme tous les chiffres relatifs aux bidonvilles, ces chiffres sont à prendre avec prudence.

En 1973 la construction d’une nouvelle cité provisoire (« Mandarine ») permet le relogement d’une partie de ces familles sans changer leur nombre total.

1980 – 1990 : Résorption des cités provisoires et relogement des habitants. En 1980, 325 familles habitent dans les cités provisoires. La moitié d’entre elles est relogée dans le quartier. Le quartier devient un lieu d’installation de familles issues de l’immigration et plus seulement un lieu de transit.

1983 : Point de départ de la marche pour l’égalité et contre le racisme, dite « Marche des beurs ».